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Et si c'était un membre de votre famille?

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International Et si c'était un membre de votre famille?

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International

Son père a été assassiné sous les yeux de sa mère en 1988. Quelques années plus tard, son beau-frère a été abattu. Mais Renny Cushing continue de se battre contre la peine de mort, aux Etats-Unis et partout dans le monde.

Suxamethonium chloride.
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Suxamethonium chloride. Foto: James Heilman, MD (CC BY-SA 3.0 unported)

Datum 29. Dezember 2011
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«Les gens croient que les familles de victimes de meurtres sont toutes favorables à la peine de mort. C'est faux». Renny Cushing est directeur d'une organisation américaine regroupant justement des familles de victimes de meurtres, qui militent contre la peine capitale au nom des droits de l'homme*. Cette association, fondée en 2004, compte entre 2.000 et 3.000 membres aux Etats-Unis, ainsi que dans différents pays du monde, notamment en Asie. Ils affirment notamment que la mort infligée aux auteurs de meurtres n'apporte ni sentiment de justice, ni apaisement aux familles. Mais ils sont aussi là pour soutenir les victimes. «Nous allons visiter des familles dont un membre a été assassiné, en premier lieu pour les réconforter, partager ce que nous avons en commun, explique Renny Cushing.

Dans de certains cas, ils n'ont pas d'idées précises sur la peine de mort et nous n'abordons pas le sujet d'emblée». D'autres familles sont divisées sur le sujet. Parmi elles, «ceux qui y sont favorables la prenne comme un châtiment, pas comme une dissuasion».

Une partie du travail, plutôt de la mission, de Renny Cushing est de témoigner. C'est ce qu'il est venu faire aux Nations Unies, à Genève, le 10 octobre dernier, à l'occasion de la 10ème journée annuelle contre la peine de mort. Il joignait sa voix à la Coalition mondiale qui se bat sur le sujet.** «Un ami m'a une fois dit que j'avais de la «chance» de pouvoir lutter contre la peine de mort alors que mon père et mon beau-frère avaient été tués. Cela sonne bizarre, mais il voulait dire qu'on ne pouvait pas m'opposer que je ne savais pas de quoi je parlais».

En effet, l'une des postures classiques des gens qui soutiennent la peine capitale est de dire : «Et si c'était un membre de votre famille qui était assassiné ?» Renny Cushing raconte l'histoire de ce candidat pour le Congrès, en Illinois, qui avait pris l'exemple de la tuerie d'Oklahoma en 1995 (168 morts) pour soutenir la peine de mort, contre un candidat qui y était opposé. Il avait affiché des photos de l'attentat et des victimes.

Or le président de l'association que dirige Renny Cushing était dans la salle, dont la fille faisait partie des victimes de la tuerie. Il s'est approché du candidat, a arraché le poster et a interpellé violemment le politicien : «Comment osez-vous utiliser la photo de ma fille pour des fins électoralistes?». Cette scène, selon Renny Cushing, a contribué à changer le climat politique, «car le propos venait d'un père qui avait perdu sa fille». L'Etat d'Illinois a aboli la peine de mort en 2011. Dix-sept Etats américains ainsi que le District of Columbia ont désormais pris la même mesure. D'autres Etats appliquent un moratoire de fait. Mais pour Renny Cushing, il est important que l'interdiction figure dans les lois, car «si vous donnez à un Etat le droit de tuer, il va l'utiliser».

Le soutien des élites

S'afficher contre la peine de mort ne signifie pas ignorer la peine des familles. Au fil des ans, les politiciens abolitionnistes américains ont eu toutefois de la peine à affirmer leurs positions, car le plus souvent la peine de mort était un enjeu politique qui se retournait contre eux. Pourtant, selon la Coalition contre la peine de mort, l'exemple des élites est de première importance dans ce combat, comme le fait de le mener sans relâche. C'est la raison pour laquelle la prise de position initiée par la Suisse et soutenue par tous les pays limitrophes, publiée à l'occasion du 10 octobre, a été saluée comme importante.

L'association des familles de victimes pour les droits de l'homme dirigée par Cushing intervient partout où elle le peut lorsqu'il s'agit de peine de mort, pour informer sur tous ses aspects : risques d'erreur judiciaire, cruauté, inefficacité, violation des droits de la défense et du droit international, etc. «Plus les gens sont informés, moins ils soutiennent la peine de mort».

Michel Bührer / is