La régulation récemment adoptée par le Parlement, même si elle va plus loin que les exigences de Bâle III, ne suffira pas à amortir un choc financier majeur (DP 1904). Reste à espérer que face aux soubresauts de la finance internationale, les décideurs politiques s'émancipent de la tutelle des grandes banques, privilégient la stabilité financière et économique et renoncent à soutenir des champions nationaux qui peuvent très rapidement devenir des boulets nationaux.
La crise financière n'a fait qu'accélérer la concentration bancaire. Les chiffres récemment publiés par la Neue Zürcher Zeitung (29.11) sont impressionnants. En dix ans, les cinq plus grandes banques de la planète ont doublé leur part de marché (de 8 à 16%). Le bilan des dix premiers établissement financiers représente 26% du bilan cumulé des 1.000 plus grandes banques. La somme du bilan des 25 principales banques mondiales a septuplé depuis le début des années 1990. Alors qu'à la fin du siècle dernier, les actifs des trois principales banques britanniques représentaient 75% du PIB national, ils atteignent aujourd'hui 200%.
Les banques deviennent toujours plus grandes
La Suisse est championne de la concentration bancaire, un phénomène qui a précédé la crise de 2008. Si le bilan des deux grands UBS et Credit Suisse s'est quelque peu allégé, leur cumul vaut encore 2,5 fois le PIB helvétique. Beaucoup trop pour qu'un défaut de l'une ou l'autre ne cause des dommages majeurs à l'économie nationale et que les pouvoirs publics restent inactifs.En laissant sombrer Lehmann Brothers en septembre 2008, les autorités américaines ont voulu signifier que les banques too big to fail (TBTF) ne devaient pas compter en dernier ressort sur l'appui automatique des pouvoirs publics. Mais la leçon n'a pas porté. Car devant le cataclysme engendré par cette faillite, les gouvernements ont volé au secours des géants de la finance à coups de centaines de milliards.