Imagine! Longstreet, Zurich
International
Tu habites dans le Kreis 4 et tu dois aller faire des commissions: à chaque coin de rue, tu vois des hommes en uniforme. D'autres hommes te dévisagent. Tu te demandes pourquoi... Tu vas à la coop. Soudain, deux hommes s'approchent de toi. Ils te demandent tes papiers d'un ton rude.
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19. August 2001
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Correction
Imagine...
Tu es dans un restaurant dans la Langstrasse. Tu t'amuses, tu te sens bien. Le restaurant est plein. Soudain, deux hommes viennent directement à ta table. Tu ne les connais pas. Ils te disent: "police" et veulent voir tes papiers. Tu demandes "pourquoi?" Pas de réponse. Ils t'emmènent rudement dans un coin. Ils te prennent ton sac et l'un d'eux met lentement des gants en caoutchouc. Il fouille ton sac. Ils trouvent tes papiers et te regardent d'un air triomphant. Tous les yeux sont tournés vers toi - tu les regarde et attend une réaction. Tu pense que quelqu'un va intervenir. Mais rien ne se passe. Les regards te disent: "bien falt pour toi..." Tu es emmenée au poste de police.
Imagine...
Tu jouis de la belle journée. Autours de toi d'autres gens se prominente des hommes surtout. Tu sens des regards collès à ta nuque. Tu es dévisagée. Tu te retournes et tu vois deux hommes qui te toisent du regard
Un des deux s'approche tout à coup et te dit quelque chose. Tu ne comprends pas ce qu'il dit mais à sa facon de te regarder et à son ricannement, tu devines ce qu'il veut dire. Un autre homme le rejoint, il dit quelque chose et ils rigolent. Tu es entre les deux, tu te sens coincée. Tu veux t'en aller, mais ils t'empechent de partir. Tu regardes autours de toi, tu cherche un visage familier.
Te ne vois que des regards méprisants. Que se passe-t-il? Pourquoi ne te laissent-ils pas tranquille? Qu'as-tu fait? Tu entres en fureur. Tu les insultes. Ils te regardent d'un air étonné, tu entends le mot "pute" - et tu te sauves en courant.
Imagine...
Il est très tard la nuit et tu dors. Des coups frappés à la porte te réveillent. Tu penses que tu es encore dans un rève. Mais les coups à la porte sont de plus en plus forts et tu entends des voix d'hommes dehors. Tu tremble et ta respiration saccélère. Tu es toute seule et tu ne peux plus bouger. Soudain, plusieurs hommes brisent ta porte. Ils se ruent sur le lit et déjà tu te retrouves couchée sur le sol, menottée...
La répression contre les migrantes - en particulier contre les femrnes illégalisées travaillant dans l'industrie du sexe - s'accrdit sans cesse depuis plusieurs années. Depuis 4 semaines la police fait des controles et des rafles plusieurs fois parjours. La toute la Langstrasse a été bloquée avec un énorme dispositif policier.
La policie fait également régulièrement des controles d'dentité dans les Restaurants Toutes les personnes présentes sont alors controlées, ceux et celles qui n'ont pas de papiers valables sont immédiatement arreté et expulsé. Ainsi l'on criminalise les femmes migrantes. Qu'elles aient ou non une autorisation de séjour, elles sont systématiquement chicanées et traitées de manière irrespectueuse. Les policiers sont souvent violents, de manière physique ou psychique.
Une telle campagne raciste et sexiste est peu compatible avec l'image qu'une "société moderne et ouverte" veut se donner. D'ou l'importance de soigner une image de marque cachant le racisme et l'exclusion: le "Longstreet Carnival" s'intègre allègrement dans ces nombreux efforts de "valorisation" (pour qui? aux dépends de qui?) des quartiers. Une fete qui mets en scène la bouffe et la danse de manière superficielle risque d'instrumentaliser les migrantes pour notre amusement et de dévaluer leurs cultures au niveau d'exotismes prets-ä-consommer. Pendant ce temps, les formes réelles d'exclusions sociales au quotidien sont noyées dans les mégawatts ou acceptées tacitement.
Les femmes illégallisées travaillant dans l'industrie du sexe vivent isolées et sont tout spécialement exposées à la violence sexuelle, au racisme et à l'arbitraire des agences artistiques, des propriétaires de nightclubs, des propriétaires d'appartements, des proxénètes, des clients et de la police.
D'après le magazine CASH, environ 5 milliards de francs sont débité chaque année dans l'industrie du sexe en Suisse, 60% provient des illégalisé. Et qui en profite? L'Etat, les propriétaires de nightclubs et d'appartements, les agences, les marchands de femmes, les maris et les clients. Les femmes travaillant dans l'industrie du sexe sont poursuivies et humiliées - les clients s'en tirent toujours à bon compte.